« C'est pour mieux te croquer mon enfant... » { PV. David }

Spoiler:

J'aurais du annuler mon concert de ce soir. Je l'aurais fais si j'avais été raisonnable. J'aurais sans doute du le faire…Mais Longsdale et raisonnable sont deux mots à ne pas mettre dans la même phrase. Malheureusement.

La musique profonde glissait sur le public, provocant des frissons. Lorsque ma voix s'y mêla pour un dernier rappel, elle aurait pu vous glacer le sang. J'étais pâle, bien plus pâle que d'habitude. Mes yeux brillaient dangereusement et l'odeur du sang me titillait, infâme tentatrice. Des gorges hurlantes, des jugulaires palpitantes, des carotides aux arômes si exquis…Je n'auras pas tenu une chanson supplémentaire. J'allais sombrer. Je saluais une dernière fois et disparus. Réalité ou illusion? Mh, les secrets entretiennent les rumeurs, les rumeurs sombres entretiennent la célébrité. Vampire, je l'étais. Mais personne ne pourrait le savoir si je ne le désirais pas.

En coulisse, il y avait ma tante, et plein d'autres humains. Des humains gorgés de sang…

-Alwën tu n'as pas mangé?

Je levais les yeux vers ma marraine, Melena. Manger? Si, je m'étais nourrie, mais trop peu pour satisfaire ma soif. Puis le sang humain me paraissait si fade à côté de celui de Faith…Si fade, si dénué de saveur…Tellement pauvre. Je désirais l'hémoglobine de la louve-garou, les marques que je lui avais infligées m'appelaient, mais elle n'était pas ici. C'était devenue une drogue, une vraie drogue. Et moi j'étais terriblement accro. Il allait me falloir plusieurs humains ce soir. Plusieurs morts peut être…La mort est douce, apaisante, elle calme les cœurs et gorge les vampires de pouvoir.

-Si mais j'ai besoin de deux fois plus depuis que…
-Alors va faire ça dans les ruelles. On ne mange pas l'équipe technique c'est toi qui l'a dis.

Très juste. S'ils savaient, les pauvres gars qui draguaient ma marraine…Les ardeurs seraient sûrement refroidie. Vampire, tueuse à gage, et je vous passe le reste. Moi je me contentais de vivre ma vie de jeune vampire, d'héritière, de chanteuse. Un simple hobby, mon grand-père possédait une fortune colossale –en une éternité on amasse un paquet d'argent croyez moi…- qui pourrait aider tous les pays du Tiers-monde. Mais on se fiche pas mal de ces gens la, tant qu'il nous reste de la nourriture. Les humains peuvent se débrouiller…
Ma gorge brûle.

Je sortis de la salle par l'arrière, ça donnait directement sur des ruelles sombres. La nuit était tombée depuis bien longtemps, et le lieu était mal fréquenté. Très mal fréquenté. Inutile de chercher bien loin pour trouver des victimes qui ne manqueront à personne. Une prostituée, un dealer, un sans domicile fixe…Des rebus de la société, des bons à rien. Leur race les qualifiait ainsi: Bon à rien. Ils étaient bon à quelque chose…Empêcher que les vampires affamés s'attaquent directement aux « gens biens ». Sans eux nous chasserions dans les quartiers chics. Certains y chassaient déjà. C'est bien plus drôle, de massacrer toute une famille, d'entendre hurler la mère, pleurer les gosses…Question de point de vue. Je me contentais des rebus, ou des Bloody Mary.

Deuxième victime. Deuxième prostituée. Elle vivrait peut être toujours si elle n'était pas venue voir où était sa copine, dommage…La brûlure commençait à s'apaiser, je redevenais maître de moi-même. Assez en tout cas pour déplorer ce repas grossier. J'avais déchiqueté le cou de la première tellement je m'étais laissée emporter. Ah Faith tu me rendras folle…
Une. Deux. Trois gorgées.
Je souffrais moins. Beaucoup moins. Je terminais calmement ma deuxième victime, la dégustant jusqu'à l'avant dernière goutte puis je lui brisais la nuque, par habitude. Les marques étaient visibles mais vu l'état de la première, les policiers – ou les chasseurs- seront un tantinet perturbé. C'est déjà ça de pris. Je repoussais la jolie blonde quand une odeur se fit sentir de mon dos. Des hormones de plaisirs, du sang, un sang magique…Un sorcier. Mieux, un sorcier « Bloody Slave ». Intéressant…J'avais retrouvée mon âme joueuse maintenant que j'étais calmée. Savait-il que je l'avais sentis? Sans doute s'il était un minimum intelligent. Depuis combien de temps était-il la? Aucune idée, j'étais trop prise pour l'avoir remarqué avant.

-Tu te caches? Il ne fallait pas t'aventurer ici si tu as peur du grand méchant vampire…

Étrange de constater que la nuit pouvait parfois être douce. Il ne faisait pas froid ce soir là. Il ne faisait pas encore tout à fait nuit, mais il ne faisait déjà plus tout à fait jour. Les enseignes lumineuses de grandes marques capricieuses gâchaient déjà le paysage, et empêchaient de voir les premières étoiles qui brillaient dans le ciel. Un flot de voitures discontinu pénétrait et sortait du carrefour à une vitesse effarante. Cette partie de la ville fourmillait encore d’activités, mais, peu à peu, les magasins fermaient, les touristes s’en allaient voir ailleurs, ou rentraient dans leur hôtel. Un concert venait de se terminer de toute évidence. Une foule énorme sortait du Hero Circus. La salle devait être pleine ce soir, comme tous les soirs. A côté, le pauvre Criterion Theatre faisait bien pâle figure avec sa dizaine de spectateurs qui sortaient. La pièce représentée ne ferait sans doute pas long feu à l’affiche.

Il n’avait pas envie de se rendre à Soho ce soir. Il n’avait pas envie, même s’il en ressentait l’étrange nécessité. Un sentiment paradoxal. Les rues étaient encore pleines de monde à cette heure là et David se sentait comme un anonyme au beau milieu d’autres anonymes. Cette pensée le chagrina profondément. Il ne voulait pas être anonyme. Il ne voulait pas être comme les autres. Il voulait être David Mountbatten parmi les autres anonymes. Il se voulait unique, mais rien ne lui permettait d’arriver, un jour, à ce triste statut. Ruminant ces sombres pensées, David s’assis sur les bords de la Fontaine dédiée à Lord Shaftesbury. Il ne savait pas quoi faire. Il pouvait encore errer sans but dans cette ville mythique, jusqu’à ce que la fatigue prenne le dessus, et qu’il s’endorme au fin fond d’une ruelle sombre. Il pouvait aussi aller à Soho, donner le précieux élixir qui coulait dans ses veines et en ressortir vidé, mais réjoui et ayant réussi à étancher sa soif de morsures de vampires.

Non, vraiment, ce n’était pas son soir. Il tentait désespérément de ne plus retomber dans la nécessité de se faire mordre, son corps en redemandait, sa tête aussi, mais son cœur tentait difficilement de redresser la barre et d’imposer aux autres organes la marche « pure » à suivre. Cela s’annonçait comme un combat perdu d’avance. Mais, après tout, avec des préjugés comme ça, David n’aurait jamais tenté de combattre Goliath. C’est difficile, n’est-ce pas, quand le cœur n’est pas d’accord avec la tête. C’est comme dans une histoire d’amour … Notre cœur aime un être qui nous fait souffrir. Mais on ne peut pas s’en empêcher. Bis repetita, mais dans l’autre sens.

En fait, rester assis était une assez mauvaise idée. Les fourmis commençaient à lui grimper dans les jambes, et, de toute façon, il avait besoin de s’aérer l’esprit. Il avait besoin de trouver quelque chose qui lui occupe l’esprit. Il connaissait déjà par cœur le plan du métro londonien, le nom des rues adjacentes à Picadilly Circus, et même la moindre inscription sur la fontaine. Comme quoi … Les morsures de vampires font des ravages bien pires que de simples morsures. Elles pervertissent l’esprit humain. David se leva et se dirigea vers l’une de ces ruelles plus ou moins sombres, mais aussi plus ou moins vides. Pas que la foule lui faisait peur, il n’étais pas oclophobe, loin de là !, mais bien parce qu’il avait besoin, en ce moment-même, de s’éloigner de celle-ci. C’était peut-être un geste irraisonné, mais il avait besoin de plus d’espace pour mieux s’entendre réfléchir.

David parcourait le dédales de ruelles avec une facilité déconcertante. Il pénétra dans le parc Saint-James, où il vît quelques couples mièvres qui faillirent lui donner la nausée, emprunta la King Street, et se retrouva devant la maison des Spencer. Il ne savait pas pourquoi ses pas l’avaient mené jusqu’ici. C’était peut-être un signe du destin, ou la main invisible de la destinée, mais, s’il était là, c’est peut-être parce qu’il y avait une raison. Était-ce pour lui rappeler le sobriquet dont l’avait affublé ses clients ? Et donc, pour le pousser vers Soho se faire mordre. Le destin joue parfois de sales tours et a un humour parfois douteux. Ne voulant s’infliger une seconde de plus la vue de ce monument sinistre, David retourna sur ses pas quand une chose insolite attira son regard dans l’une des ruelles. Accroupie au dessus d’un corps, une femme opérait un trafic troublant. Il voulut s’approcher un peu plus, mais des sons de talons aiguilles retentirent derrière lui, et l’obligèrent à se plaquer dans l’ombre, hors de vue des deux femmes. La vampire se jeta sur la femme avec une dextérité époustouflante, et la mordit au cou. David avait déjà ressenti ça, il était conscient de la barbarie dont pouvait faire preuve certains vampires. Mais les racontars de piliers de bars n’évoque pas tout, et c’est une toute autre expérience de le voir comme spectateur.

Délicat par nature, David ne pût retenir un haut-le-cœur, et détourna les yeux. Les quelques secondes où il n’avait pas les yeux sur la vampire lui suffirent pour se rapprocher de David. A présent qu’elle était toute proche, au point que David pouvait sentir son souffle, il pût mieux remarquer la beauté presque parfaite de la jeune femme. La longue cascade de cheveux bruns étaient magnifiquement peignés. Mais il n’arrivait pas à distinguer les deux prunelles. Pourtant, il était prêt à jurer que, même à la lumière et avec une grande quantité de sang sur le visage, elle serait toujours aussi belle.

« Tu te caches? Il ne fallait pas t'aventurer ici si tu as peur du grand méchant vampire… »

La remarque était à la fois drôle et emplie de sous-entendus. Réprimant un nouvel haut-le-cœur, David afficha son plus beau sourire et attrapa la main de la femme sur laquelle il déposa un doux baise-main.

« Je ne me cache pas, j’admire votre beauté. Lord D., pour vous servir Madame. AB négatif. »

Intérieurement, David s’en voulait de ne pas avoir fuit plus tôt. Il ne voulait pas donner son sang ce soir, mais il savait qu’on ne pouvait rien refuser aux vampires. La curiosité est un vilain défaut, mais admirer le massacre de personnes, c’est encore pire. Il fallait trouver un moyen de détourner la jeune femme du sang.

« La nuit est belle, n’est-ce pas ? Mais, vous êtes bien loin de Soho ce soir … »

Trivial et pathétique. C’est comme cela que se sentait David. Et mort aussi … Enfin, bientôt.

Spoiler:

J'avais été dérangée à la fin de mon repas par un garçon qui semblait accro aux morsures de vampire presque autant que je l'étais au sang des loups-garous. Rien qu'une simple pensée déclenchait un frisson sur ma peau. Ce pouvoir, cette douceur…Inégalable et inégalée. Derrière moi gisaient deux cadavres de prostituées, ce qui ne laissait pas notre jeune drogué indifférent. J'espérais juste pour lui qu'il n'oserait pas me vomir dessus. Inspirais-je vraiment un tel dégoût? Si oui, pourquoi me prenait-il la main? Mh…Moi qui pensait ce genre de pratique perdue chez les mortels, me voilà agréablement surprise.

« Je ne me cache pas, j’admire votre beauté. Lord D., pour vous servir Madame. AB négatif. »

J'en connais un qui repartirait vivant ce soir. Je le classais en tant que noble, sûrement issu d'une vieille famille sorcière vu ses manières. Un sourire s'étira sur mes lèvres, dévoilant à peine la pointe de mes canines. Je passais ma langue sur ma peau accessible pour retirer un maximum de sang. Le contraste entre cet élixir de vie et ma peau pâle me seyait bien, tout en étant un peu effrayant. S'il avait été malin…Il ne se serait pas approché. M'avait-il vu déchiqueter le cou de la première femme? Moi-même j'en avais honte. Le sang entraîne la folie…Il devait l'ignorer, surtout en se présentant sous un pseudonyme et un groupe sanguin. Je sifflais rageusement et corrigeais.

-Mademoiselle.

Il était sûrement plus vieux que moi. Au fond je n'avais que 19 ans…

« La nuit est belle, n’est-ce pas ? Mais, vous êtes bien loin de Soho ce soir … »

Il baissait dans mon estime. Il avait fasse à loin l'héritière des Longsdale, et il pensait que j'aurais du me trouver dans Soho. J'aurais pu, mais j'étais trop affamée après mon concert pour aller jusque la, alors j'avais fais avec la faune locale, si je puis dire. En tant normal je chassais dans la forêt à côté du Manoir, il y avait beaucoup de promeneur. Etrangement le fait d'entretenir la rumeur selon laquelle elle est maudite attire plus de monde qu'il n'en repousse…Les humains sont étranges. Vraiment étrange…

-Pour une personne comme moi, Soho ou ailleurs reviens au même. Je peux me nourrir où bon me semble. Londres est notre terrain de chasse depuis presque cinq cent ans.

En arrondissant mon grand-père était partis de France plus ou moins à ce moment la, au début du règne d'Henry VIII d'Angleterre.
Je repris ma main et laissais les ténèbres m'engloutirent. Je disparus de son champs de vision et me retrouvais derrière lui. Si d'autres n'étaient pas passé avant moi, je l'aurais fais miens. Mais je détestais passer après d'autres vampires. Comme si soudain les rôles étaient inversés: Ils étaient les nobles et moi la paysanne qui attendait son pain. Non, inconcevable…D'ailleurs je n'aurais même pas envisagé l'éventualité si je n'étais pas tellement en manque, ce qui me rendait joueuse. Les ruelles, ça manquait d'intimité…Et une morsure, c'est intime. Comme un premier baiser…Vu les marques qu'il portait, ce concept devait lui être étranger. Lui inculquerais-je? Peut être…

-Tu es un donneur consentant…Depuis combien de temps fréquentes-tu les ténèbres? Pas longtemps…Sinon tu m'aurais reconnue.

Douce vanité quand tu nous tiens…J'avais été élevée ainsi. Dans l'idée que tout vampire reconnaît un Longsdale, ou plutôt une Longsdale, quand il la croise. J'estimais que les esclaves de sang, les instruments, les servants et tous les dérivés devaient aussi savoir. Ils s'offraient à nous, ils devaient connaître nos coutumes, nos chefs, notre mode de fonctionnement. Léger soupire. Peut être avais-je des idées un peu trop…Nouvelle. Tout comme Faith pour les loups-garous.
Je déposais mes lèvres dans son cou, effleurant sa peau avec la pointe de mes canines.

-Tu as peur? On dirait que tu désires la morsure…Sans vraiment la désirer. Etrange…