Xerxès Lauwrence.

« Who I am in this strange world…? »

x. Identity Card
Nom(s)&Prénom(s) : Lauwrence, Xerxès.
Lieu&Date de Naissance Âge: Angleterre - Hôpital Londonien // 32 ans - 3 Août
Lieu de résidence actuel: Chambre à « l’Auberge d’hiver ».
Race: []Vampire [X] Loup-Garou [] Sorcier [] Changeur
Clan: Loup-garou solitaire
Métier et/ou rang dans la société: Aucun en particulier. Serveur un jour, chauffeur de bus le lendemain… Seul l’argent pour vivre, m'est nécessaire.

x. Soul's Revelation
Patronus: Renard
Sortilège fétiche: Evanesco
Potion ou drogue favorite: Potion Tue-Loup
Animal préféré: Furet
Couleur favorite: Noir
Thème musical:

x. Under Your Mask.
Prénoms ou pseudo: Xerxès
Âge: 20 ans
Nombre d'année de rp dans les pattes: Euh... 4-5 ans
Comment avez-vous découvert le forum? Par un mail. Ou plus précisément par l’ancienne Delhya, qui m’a signalé que la deuxième version était ouverte.
Que pensez-vous du design? Du contexte? Bref du forum en lui-même? /
Note de présence sur 10: 6/10, en ce moment.
Célébrité sur l'avatar: Keanu Reeves
Code du règlement: Ok by Valou'

x. Once Upon a Time.

~ First Part ~

Les journées passent… Et se ressemblent. Ma dernière cliente venait de quitter ma boutique avec – Ô surprise ! – un flacon de filtre d’amour entre les mains. C’était le produit qui s’écoulait le plus rapidement. Mon art ne servait qu’à emprisonner de pauvres imbéciles dans les méandres de l’amour. Quoi de plus mièvre ou de plus ridicule ? Lorsque j’avais quitté mon poste de Professeur de Potions à Salem, je ne pensais pas qu’ouvrir cette boutique d’apothicaire ne m’apporterait qu’un profond ennui. J’entrais en soupirant dans mon arrière-boutique. La cloche tinta de nouveau, annonçant l’arrivée d’un nouveau client qui tint à signaler sa présence en toussotant légèrement. Je fermais un instant les yeux, avant d’afficher un sourire froid et commerçant, puis me dirigeais vers la boutique. Mon sourire disparut à l’instant même où mes yeux croisèrent ceux de mon client : Raphaël Bendson. Ces années ne l’avaient pas changé. Il était toujours le même. Toujours aussi grave, aussi responsable. Après quelques secondes d’un silence devenu gênant, il eut un petit geste et s’exclama :

- Salut, vieux frère !


Quelques gouttes de sueurs me tombaient sur le front et glissaient lentement sur mon visage. D’une main je les essuyai, tandis que je sentais les ongles de ma partenaire s’enfoncer dans ma peau. Hm… Les plaisirs charnels… J’adorais ça. Elle plongea son regard dans le mien. J’y lisais la même excitation qui remplissait peu à peu mon corps. Nous nous lançâmes dans une chevauchée épique. Nous nous retrouvâmes soudainement sur le sol. Je la dominais un instant avant de me retrouver sous sa coupe, attendant qu’elle fasse de moi ce qu’elle souhaite. Prêt à recevoir sa sentence. Elle aimait jouer, elle prenait son temps… Me faisait attendre. Impatient, je me redressai légèrement. Assez pour que je sois proche de son oreille. Je mordis son lobe. Elle se déroba, se releva, s’éloigna de moi. Un sourire aux lèvres, je la suivis. J’attrapai son bras, l’enserrai avidement de ma poigne de fer et la bouscula de nouveau sur le sol. Elle était à moi. Sous mon emprise. Des cris s’échappaient de sa bouche, tandis que la mienne dévorait son corps, son visage. Nous entamâmes la dernière danse. Celle qui, dans une étreinte commune, l’amena à la délivrance. Un soupir s’échappa de ses lèvres, avant qu’un dernier sourire ne vienne se figer sur ses lèvres. Elle était morte.

- Xerxès, qu’as-tu fait ?! Keir va te tuer… s’exclama Raphaël sur le pas de la porte.

Essuyant méthodiquement les gouttes de sang perlant sur mes lèvres, je me retournais vers mon ami en souriant. D’un coup de tête, je lui désignais un deuxième cadavre. Celui d’une enfant, une humaine, à moitié cachée sous une table, avant de rétorquer :

- Légitime défense. Elle venait tout juste de finir son repas.
- Cette enfant est morte depuis trois heures au moins, Xerxès ! Il ne te croira jamais…
- Et bien il est inutile de lui en parler…
- Je crains que ce ne soit trop tard, murmure t-il en fixant un point derrière mon épaule.

J’eu la brève impression d’être entré dans un cauchemar. J’affichai un air assuré que j’étais bien loin de ressentir, avant de me tourner vers Keir. Ses yeux se posèrent sur le cadavre de l’enfant, avant de se tourner vers celui du vampire puis de se planter dans mes prunelles sombres. Aïe. Il semblait ne pas interpréter la scène de la même manière que je l’envisageais… Je lisais un mélange de regret, de tristesse et de déception dans son regard. Un soupçon d’inquiétude commençait à poindre au fond de mon cerveau. Il semblait plus grave et plus sérieux que les précédentes fois. J’avais enfreins les règles, je le savais. D’ordinaire, il se contentait d’une réprimande déclarée à demi-mots. Mais les choses semblaient différentes, aujourd’hui. Je sentais que ce qu’il allait me dire, allait forcément me déplaire. J’avais peur. La défense était ma meilleure attaque, et en ce moment, ma meilleure amie. J’agissais :

- Keir… Je… Papa…
- Non, Xerxès. Je suis fatigué de tes excuses. La situation est difficile pour nous tous, tu le sais. Mais depuis le début, tu es le seul à ne pas avoir fait un seul effort pour t’adapter.

Inutile de nier. Il connaissait ma façon de penser, et contrairement aux autres, j’osais l’exprimer haut et fort. Et j’appliquais mes actes à mes propos. Je n’étais pas comme eux à baisser le regard, à fermer les yeux sur ce qu’Ils faisaient, à cause de cette fichue alliance, pour après aller Les insulter ou Les critiquer derrière leur dos. J’avais le courage d’admettre et d’agir en fonction de mes opinions. Mais mes condisciples semblaient avoir perdu la définition de cette notion depuis cette trêve. Remus et Aleksandr de Lonsgdale avaient décidé de s’allier soi-disant pour le bien de leurs races respectives. Et Remus avait enjoint toutes les meutes à respecter cette alliance. Une chose que Keir, mon père, avait suivit avec précision, pour mon plus grand désarroi. Cinq générations de Lycans s’étaient succédées à la tête de cette meute, et avaient forgé notre nom, notre renommée, ce que nous étions. Cinq générations où mes aïeuls, s’étaient battus et étaient morts dans un combat acharné contre les vampires. Et voilà qu’un soulèvement de sorciers, bouleversait l’ordre correct des choses : nous étions désormais à ceux que nous devions combattre.

- Elle venait de tuer une enfant !
- Mais elle a aidé Andrew hier. Ce sont nos alliés, ce ne sont plus nos ennemis… Mais étant donné que tu t’entêtes à ne pas comprendre ça, je dois te demander de quitter cette meute.
- Mais… Papa…? Tu… Pas ça !

Interloqué, je fixais mon père. Il ne m’avait jamais parut aussi sérieux.

- Je suis désolé Xerxès, mais pour ta propre sécurité, je préférerais que tu quittes également l’Angleterre. Ils ont jusqu’à présent accepté tes… Ecarts parce que tu es mon fils, mais tu ne seras plus en sécurité, une fois seul.
- Raph’ ?!

Mon ami… Mon frère… Nous avions toujours été ensemble et étions toujours fourrés ensemble. De deux ans mon aîné, Raphaël était le frère que je n’avais pas. J’étais le mouton noir, celui qui défiait, transgressait les règles et il était mon pilier, la personne responsable qui s’évertuait à me remettre dans le droit chemin. Ou tout du moins, à limiter les dégâts. Et dans des cas comme celui-là, sa présence était plus qu’utile. Mes yeux se tournèrent vers lui. Outre mon ami, il était le premier lieutenant de mon père et, de ce fait, possédait un certain ascendant sur lui pour certaines décisions. Mais cette fois-ci, il détourna son regard, avant de quitter la pièce, précédé par Keir. J’avais perdu.

- « Vieux frère » ?! Tu as laissé mon père me bannir de sa meute. Tu n’as même pas tenté de m’aider, et tu oses encore m’appeler ainsi ?!
- J’ai essayé de lui parler, Xerxès, je te le jure. Mais il n’a pas voulu revenir sur sa décision… Ton père n’est pas stupide ! Il a toujours su que tu étais coupable, lorsque je m’accusais à ta place. Il fermait les yeux pour de garder près de lui. Mais ça a été la fois de trop. Tu sais très bien qu’il ne pouvait pas mettre la meute en danger ! Les Longsdale auraient un jour riposté et nous nous serions retrouvés isolés, attaqués par les vampires et les humains. Keir ne pouvait pas prendre ce risque.

Le bien-être de la meute passait avant tout. Keir était un Alpha avant d’être un père. Il avait préféré protéger sa meute au détriment de sa relation avec son fils. Il m’avait laissé tomber. Et ça en avait toujours été ainsi. Durant toute mon enfance, il s’était montré distant. Trop jeune pour le suivre dans tous ses déplacements, j’étais laissé aux bons soins de ma tante. Je l’idolâtrais. Il était l’Alpha, il commandait, les autres le suivaient. Visiblement, Keir était respecté. Ses choix et ses ordres étaient mûrement réfléchis. Tout était fait pour le bien-être de sa meute. Il semblait s’être lancé à corps perdu dans ce rôle depuis le décès de ma mère, survenu lors de ma naissance. C’est probablement en partie à cause de celui-ci, qu’il ne m’accordait qu’une attention limitée. Ce n’est que lorsque ma lycanthropie commença pleinement à se développer que je devins visible et vivant à ses yeux. Je désirais lui plaire. Je devins l’un des éléments les plus puissants de la meute. Et malheureusement, l’un des plus entêtés. J’avais suivis les combats de mon père contre les vampires et j’avais grandit dans cette atmosphère. Je ne pouvais pas m’adapter à ce soudain changement de situation. J’avais dix-sept ans, l’impression de pouvoir tenir le monde entre mes griffes, de pouvoir changer les choses en prêchant la bonne parole. Je n’étais qu’un petit crétin ignorant de la vie et plus couvé par sa meute, qu’il ne le pensait. J’ai vite comprit que la situation ne serait pas aussi aisée que je l’avais envisagé. Je devais maîtriser mes instincts les plus bas, si je voulais survivre. Je ne m’étais pas encore rendue compte de la protection de la meute avant de me retrouver seul. Mon comportement était resté inchangé pendant mes premières années de solitude et j’accumulais les ennemis. Trop nombreux, trop puissants, je fuyais, inlassablement, passant de pays en pays, laissant irrémédiablement une trace de mon passage. Je compris néanmoins que je ne pourrais longuement survivre ainsi. Aux Etat-Unis, j’obtins un poste de Professeur de Potions – cet art subtil étant mon plus grand talent – à l’école de sorcellerie Salem. J’y menais une vie rangée en apparence, ne pouvant m’empêcher de provoquer quelques affrontements. Ce fut ce qui causa mon licenciement et m’obligea à me rendre au Brésil et à ouvrir cette boutique. Je passais une main lasse sur mes yeux. Ma vie était affligeante. Et j’en voulais à Raphaël de venir me le rappeler aussi sournoisement.

- Casse-toi, Raph’. Tu n’aurais jamais dû venir.
- Je ne partirais pas sans toi. Tu rentres avec moi en Angleterre.

Un sourire sans chaleur étira mes lèvres.

- Pour quelles raisons ma présence t’est-elle autant indispensable ?
- Ils ont été arrêté par le ministère. Ton père, et toute la meute. Je suis le seul à en être réchappé. Tu dois venir avec moi. On peut peut-être encore les aider…

Diable ! Mais c’est qu’il serait convaincant le bougre ! N’était-il pas en train de brosser de moi un portrait de futur héros ? J’aurais dû en être flatté, afficher un sourire fier, celui d’avoir été choisi pour effectuer une mission d’une importance capitale et suicidaire. Je n’en ressentis que de la nausée. Il était pitoyable. Et désespéré. Venir demander l’aide d’un rebut tel que moi, donnait une bonne image de la situation dans laquelle il se trouvait… Malheureusement pour lui, je n’avais pas l’ambition d’être un mouchoir jetable. Et je n’appréciais pas le moins du monde, qu’il vienne uniquement me chercher par besoin. Il s’était passé de moi pendant quinze ans, il parviendrait à se sortir seul de cette crise. Ou pas. Peu importe, ce n’était pas mon problème.

- Ça ne marche pas comme ça. Tu ne peux pas venir la bouche en cœur, pour me dire que je DOIS les aider. A mes yeux, vous avez cessé d’exister depuis longtemps. Tout ça ne me concerne plus.
- Tu ne peux pas les renier, nous renier. Ils sont tes origines, ta famille ; ils vont mourir si tu ne fais rien, Xerxès !
- Qu’ils crèvent ! Ils ne se sont pas souciés de moi pendant toutes ces années, je ne vois pas pourquoi je le ferais.
- Tu te trompes, ton père n’a pas cessé de garder un œil sur toi. Il aurait été présent si tu avais eu un problème et…
- Il aurait dû être présent lorsque j’étais près de lui, l’interrompis-je sèchement. Cherche pas, Raph’. Je reste ici. Vois le bon côté des choses : t’étais le premier lieutenant, nan ? Ben t’es devenu Alpha, maintenant.

Il me lança le même regard que mon père m’avait lancé, quinze auparavant. Avec une once de mépris en petite touche personnelle. Mais contrairement à la dernière fois, j’avais, cette fois-ci, gagné la partie. Il se dirigea vers la sortie, sans que je n’aie besoin de la lui indiquer. Il lui sembla nécessaire d’ouvrir sa bouche une dernière fois, en un dernier acte de désespéré :

- T’as changé, Xerxès. T’es devenu con en vieillissant.

Deux semaines plus tard, le con était assis dans un fauteuil miteux, dans une chambre de « l’Auberge d’hiver » à Londres. Un verre de whisky me tenait compagnie et réchauffait mes entrailles. J’attendais que l’occupant de la chambre daigne venir se coucher. J’avais le goût de ces entretiens privés où je tenais indéniablement le rôle de leader. Je n’attendis que quelques minutes avant d’entendre les escaliers craquer sous les pas de mon client. Il entra. Caché dans la pénombre ambiante, je l’observais silencieusement retirer sa cape. Il la plia avec soin en la déposant sur une chaise. Il déboutonna ensuite les manches de sa chemise, avant de les remonter lentement. Il savait que j’étais là. Son instinct et ses sens de loup l’avait averti au moment même où il pénétrait dans l’auberge. Je m’amusais de le voir ainsi faire traîner les choses. Je ne romprais pas le silence. Je ne ferais pas semblant de lui montrer ma présence. Je ne lui ferais pas ce plaisir.

- Je t’avais dit que je ne voulais plus te revoir, murmura t-il avant de se retourner vers moi.

De plein fouet, je reçu le regard haineux que Raphaël me lança. D’un geste nonchalant, je portais mon verre à mes lèvres me souvenant de notre dernière rencontre...


Qu’y a-t-il de plus con qu’un con qui s’ignore ? L’insulte s’était ancrée dans mon esprit. J’en riais, la tournais en dérision, jouant sur les mots. Mais invariablement, je ne pouvais que reconnaître qu’elle s’accordait à merveille à ma personnalité. J’avais au moins le mérite de reconnaître que je n’étais pas parfait. En tant que défenseur de cette espèce ô combien honorable – vive les cons - j’avais décidé de retourner dans mon pays d’origine et de faire profiter aux autres de ma touchante condition. Le con que j’étais se retrouvait ainsi attablé à une table dans l’un des bars les plus « joyeux » de Londres, avec pour charmante compagnie une jolie blonde. Dans tous les sens du terme. Pour un con, je réussissais plutôt bien mon coup, non ? Je renouais avec mes anciens amours : les femmes - le sexe – et les alcools. Auparavant, j’aurais ajouté la bagarre, mais j’étais désormais trop vieux – et trop con – pour apprécier à sa juste valeur cet art aussi séduisant. Mon verre était à moitié plein – je suis d’un naturel optimiste – et la fille à moitié dans mon lit – stricte vérité, je déteste le mensonge – lorsque Raphaël se présenta de nouveau devant moi. Je ne l’avais pas vu depuis quinze ans, et trois jours seulement, s’étaient écoulés depuis sa visite courtoise à ma boutique. Destin ou cauchemar ? Quoi qu’il en soit, à l’air mi-heureux, mi-renfrogné qui se lisait sur son visage, je compris qu’il était satisfait de voir que j’avais suivi sa demande. Mais peut-être pas de la manière dont il aurait souhaité.

- Xerxès. Je savais que tu changerais d’avis.
- Tu te méprends Raph’. Londres est la capitale de la débauche. Le lieu parfait de villégiature. Mon père emprisonné, je n’ai pas à craindre son courroux si je me retrouve ici. Je suis uniquement venu pour mon bon plaisir et rien d’autre.
- Tu ne serais pas aussi…
- Ignoble ? Abject ? Méprisant ? Malheureusement si. Oublies-tu que je ne suis avant tout qu’un con ?

Le visage de ce bon Raph’ se décomposait à chacune de mes paroles. Je jouissais de le voir ainsi. Il devait apprendre qu’on ne venait pas me chercher et m’insulter ainsi sans en connaître les conséquences. Il avait raison, j’avais changé. Je n’étais plus l’imbécile gentillet toujours prêt à défendre et aider ses amis et à tout leur pardonner. J’avais grandit, mûrit, et apprit que nos amis pouvaient devenir nos ennemis le lendemain. La confiance était une denrée rare et volatile, pour ma part. Je ne l’accordais à personne. Ou si, mais la reprenait immédiatement. Je n’avais pas d’amis. Je n’en avais plus. J’enfonçais le clou, lui désignant la chaise qui me faisait face :

- Mais viens t’asseoir, mon ami. Profite de la vie ! Je te présente Ariane, ajoutais-je en désignant la déesse ayant prit place sur mes genoux, n’est-elle pas magnifique ? Ne vaut-elle pas tous les Keir ou les faux-pères du monde?
- Je ne sais pas ce qui me retient de…

Il se tut. Il était visible qu’il contenait à grande peine la rage qu’il éprouvait. J’aurais été seul, dans un lieu plus intime, je serais mort sur le coup. Mais j’avais pris soin de bien choisir l’endroit. Où aurais-je pu rencontrer une créature aussi divine qu’Ariane, sinon ?

- Allons chez toi, ma chérie. Il me semble que l’atmosphère devient… Menaçante, ici.

J’affichais un sourire séducteur, qui sans surprise fit fondre les défenses – en possédait-elle réellement ? Hm. Non, sûrement pas. – de cette fille facile qu’était Ariane. J’avais la chance de posséder un physique avantageux et ma langue avait fait le reste du travail : la belle était dans mes filets. Elle se leva, récupéra son sac et me lança un regard me promettant une nuit inoubliable, tandis que distrait par ses charmes, je saluais Raph’ :

- A bientôt, mon vieux.
- Je ne crois pas. Je ne veux plus jamais te revoir, lâche.



- Elle était bonne ?
- Bruyante. Elle manquait de classe. Je baissais la tête vers mon verre. Je contemplais le liquide ambré tournoyer en cercles réguliers, tandis que je remuais légèrement son contenant : La vulgarité ne te sied pas, tu sais.
- Tu n’as pas son exclusivité.

BABÂM ! D’abord con, ensuite lâche et désormais vulgaire. Oui, on peut le dire, mon ami avait le goût des insultes méprisantes. Et je devais être à la tête du palmarès de celui qui en recevait le plus souvent. Surtout en ce moment. La classe, hein ? Non, ces remarques douteuses sur mon intelligence ou ma personnalité ne m’atteignaient pas. Car contrairement à moi, Raph’ usait des insultes par dépit, dans un combat qu’il avait perdu d’avance. Il n’y mettait pas toute le doigté et la justesse que je m’efforçais d’y ajouter. Là encore, nous étions face un art, un art dont mon cher ami ne maîtrisait pas le moins du monde les rouages. Ces petites joutes verbales n’avaient pour conséquence, que de m’amuser brièvement. Mais ce soir, et contrairement aux autres jours, je n’avais pas le cœur à jouer. Je relevais donc à peine sa remarque, me contentant de déclarer, sans quitter mon verre des yeux :

- Ce n’est ni pour son physique, ni pour son intelligence que je me suis intéressé à elle…
- Xerxès, loin de moi l’idée de me montrer malpoli, mais je me fous totalement des raisons qui t’ont poussées à aller vers elle, m’interrompit Raphaël (en toute impolitesse). Tu me l’as toi-même dit : je n’existe plus pour toi depuis quinze ans. Agis comme si c’était réellement le cas et laisse-moi, quitte cette chambre et oublie-moi.
- Je…
- Va-t’en.

Le verre éclata entre mes mains, brisant le silence méprisant qui s’était installé après sa dernière injonction. Je sentis l’alcool se mêler à mon sang en coulant sur l’accoudoir du fauteuil. J’écartais les doigts et étirait ma main, afin d’en extirper les quelques bouts de verre qui s’y étaient accrochés. Il avait le don de m’agacer, particulièrement à cet instant précis. Il me traitait comme on aurait traité un gamin gâté, à qui on refuserait une faveur. Il me rappelait Keir. Je me revoyais, quinze ans plus tôt, jeune loup arrogant, repoussant d’une main énervée ma mèche noir retombant sans cesse devant mes yeux et tentant de convaincre mon père de l’absurdité de cette alliance. Et lui, patiemment, comme il l’aurait fait avec un gamin difficile, s’efforçant de me faire sortir cette idée de la tête en changeant sans cesse de sujet de discussion. Les blessures de ma main se refermaient. Mais celles de mon âme étaient bien trop profondes pour qu’il en fût déjà ainsi… J’avais accepté avec amertume, ces quinze années d’exclusion. Mais je n’acceptais plus qu’on me traite encore comme un gamin. Je n’aurais jamais dû revenir à Londres, finalement. Je n’aurais jamais dû tenter de l’aider. Qu’il se démerde seul, après tout ! Tout ça ne me concernait plus. Je me relevais et me dirigeait vers la porte. La main sur la poignée, et allant à l’encontre de la décision que j’avais prise, j’annonçais finalement à mon ami, l’objet de ma visite :

- Si tu m’avais laissé aller jusqu’au bout de ma phrase, je t’aurais dit que j’étais intéressé par elle uniquement pour son cousin. Il travaille au ministère. Ils sont morts. Ils les ont tués.

Etrangement, ce ne fut qu’en m’entendant prononcer ces mots que j’en pris enfin conscience. Auprès d’Ariane, j’avais recueillis la chose comme une simple information, avec le détachement qu’aurait éprouvé un professionnel ayant correctement effectué son travail. Mais ce n’était pas la même chose avec Raph’. Probablement parce qu’il appartenait à ce passé et à ces personnes que j’avais tant haïs et tant aimés en même temps. A cet instant présent, je prenais tout juste conscient que je venais d’informer du décès d’êtres que j’avais aimé. Auprès de qui, j’avais grandit, j’avais chassé, j’avais tué. D’une voix que je ne reconnus pas, je m’entendis poursuivre :

- Apparemment, certains ont servis de cobaye pour des sorts et des armes. Aucun d’eux n’a survécu. Keir non plus.

Je me donnais l’impression d’être un professionnel effectuant son rapport. Mon père était devenu – redevenu – « Keir », l’Alpha, un Lycan comme les autres et non plus un membre de ma famille. Je crois que j’aurais aimé ressentir de la douleur, avoir un visage aussi décomposé et blanc que l’était celui de Raphaël. Mais rien. Je ne ressentais rien. J’étais imperméable. Je restais froid devant autant d’horreur, comme s’ils avaient bel et bien quitté mon esprit et mon cœur depuis quinze ans. J’en voulais juste aux humains et aux vampires de m’avoir privé de la possibilité de pleurer la mort de mon père. Tout était de leur faute. N’était-ce pas eux qui nous avaient séparés ? Eux qui m’avaient empêché de continuer à évoluer avec mon père ? Quoi qu’il en soit, ma place n’était pas ici. Pas dans cette chambre où je ressentais tout sauf de la peine ou de la tristesse. La porte s’ouvrit sous ma légère pression. Raphaël sembla enfin se tirer de sa torpeur. Il me rappela :

- Xerxès, attends ! Nous ne sommes plus que tous les deux, désormais… Nous devons nous entraider, reformer une meute. Tu les as vus, tu sais comment sont les humains ! Nous pourrons, ou plutôt nous devons les combattre ensemble.
- Non, tu es tout seul. J’ai trop goûté et apprécié ma liberté pour me voir de nouveau emprisonné dans toutes ces règles. Je n’ai pas autant changé et je continuerais à effectuer les mêmes actes qui ont poussé Keir à me bannir. Les vampires sont et resteront mes ennemis. Tout comme les humains, désormais. A bientôt, Raphaël.

Je laissais la porte se refermer doucement derrière moi. Je restais un instant immobile devant celle-ci, avant de rejoindre ma propre chambre. J’avais la vague impression que je venais tout juste de faire un bond dans le passé et que ce n’était pas encore terminé…